Alors que la consigne était de se souvenir des années passées en groupe de thérapie, à partir d’un classique « je me souviens », je me suis pliée à notre propre consigne.
Je me souviens de ma peur et de mon plaisir à démarrer le groupe .
Je me souviens d’avoir été surprise par la taille de J. et de la nécessité de me casser le cou pour le regarder .
Je me souviens des yeux froids et …. de J. sur moi.
Je me souviens des volets qu’il faut fermer et des portes qu’on ouvre qu’on referme, derrière lesquelles on se cache ou par le trou de laquelle on guette ou encore de S. qui dit « moi je ne pouvais pas fermer ma porte alors … »
Je me souviens de ce soir où les fenêtres étaient ouvertes et que tonnerre et éclair se sont conjugués pour que C. change de place et se rapproche de moi .
Je me souviens de sa gêne et de son plaisir, du rire attendri des autres puis de sa tête qui a accepté de se laisser aller contre mon bras que j’avais passé derrière lui .
Je me souviens de S. se présentant aux autres avec courage, accroupie au sol pour expliquer son dessin et de moi derrière elle lui apportant des bras et du soutien pour faire face à ce groupe qui la terrorisait et lui rappelait d’autres groupes d’humains sans bienveillance .
Je me souviens de la salle qu’il faut préparer en urgence et des fauteuils qu’il faut bouger, pousser, repousser, mettre sur le flanc … Passe ne passe pas attention …
Je me souviens des yeux effrayés d’A. de sa bouche qui se crispe et se mordille et que je voudrais lui apporter du réconfort et du soutien à ce jeune garçon apeuré .
Je me souviens des jolies boucles de S. , de sa délicieuse tarte Tatin et de son ananas joliment présenté .
Je me souviens de la colère et de l’agitation de C.
Je me souviens des titres de mail de C. toujours parlants et parfois à double tranchant :
1+1+1+1+1+1
Je me souviens de M. , douce et effacée, prête à partir et du jour où elle a pleuré doucement sur son canapé , tout doucement comme si elle respirait à peine et ne voulait surtout pas faire de bruit .
Je me souviens d’A. , longue jeune fille, fine et gracile , élégante qui a traversé le groupe comme une belle
Je me souviens d’A. qui, à l’heure d’être en groupe se trouve en Espagne avec ses enfants .
Je me souviens que …. C’était un temps très doux d’écriture ?
A. prit plaisir à écrire .
Sylvie Pierrel 2010 Marathon thérapeutique EcritThéâtre
Ainsi, je vous écrirai de temps en temps de nos nouvelles.
A des moments importants, où chacun pourra se sentir concerné par l’activité ici.
Sylvie