Confiseries des relations confuses #2

Nous avons proposé à un jeune auteur d’écrire sur les journées de groupe en thérapie auquel il participe .

Voilà ce que cela donne …

PROTOTYPE 2

Raconter des choses plus vraies. Travailler avec l’autre et ne pas fantasmer le monde tout seul. Y’a des étapes comme ça, où patauger reste la chose la plus confortable pour la merde collée sous les pieds. 

Fusion ? Dilution ?

L’un d’entre eux : Je suis un peu en retard, ou juste à l’heure. Mais y’a que toi à chaque fois.

Quelqu’un : J’en ai marre d’attendre les autres comme un gland sur ce banc tous les mois. C’est sympa d’accueillir les autres quand on est pas chez soi, mais j’aimerais bien que ça m’arrive. Juste un peu parfois. 

Quelques secondes plus tard, les thérapeutes se montrent avec ce sourire, celui qui prépare les mots d’une colère patiente. Elle se sent mais n’est pas violente, elle mobilise et réveille l’envie de changer. 

Thérapeute 1 : Ça me motive pour trouver une solution parce qu’on peut pas fonctionner comme ça encore longtemps. Le groupe va s’essouffler et j’ai pas envie que ça nuise au travail de chacun. Je veux voir si on peut trouver une solution. Comme fusionner deux groupes ? Ouuuuuh.. Oui je pense surtout à ça qui me trotte depuis plusieurs semaines en tête. Parce que c’est vraiment des éléments de votre groupe : L’absence, les retards et les balades à la mer quand le vent soulève des toitures. 

Thérapeute 2 : Tu sais aux quels tu penses ?

Thérapeute 1 : J’ai celui qui fait « tchik tchak ». J’ai aussi un autre bien forgé mais ça pose un problème d’assistant. Ils ont déjà engagé un travail assez profond dans leur relation alors je me vois mal leur arracher ça. Je crois que j’en ai un autre à peu près dans la même situation avec l’assistant. Par contre, je ne vous veux surtout pas avec celui qui tire les cheveux de ceux qui les perdent un jour. 

L’un d’entre eux : Y’a qui dans « tchik tchak » ?

Thérapeute 1 :  aspire en serrant les dents Ihhhhhsh, celui que tu jalouses déjà. Et qui d’autre ? À bah du coup, il y a quand même un groupe assez fort de la formation en cours. Trois ou quatre je crois qui sont.. euh, comme ça quoi (parle avec les mains)

Thérapeute 2 : Et celui qui commence à avoir de la mousse ?

Thérapeute 1 : Tu vois, il m’échappait complètement celui-là. 

Celle-là : Y’a qui dedans ?

Thérapeute 1 : Du monde que tu connais pas. Celle que tu connais depuis longtemps. L’autre qui a les lunettes avec une seule branche et bref.

L’autre : Ça fait du défi.

Celle-là : C’est clair que ça mobilise des choses qui ne sont même pas grattouillées jusque là.

Celui ci : Ça me plaît d’y penser je crois. De me projeter. 

Thérapeute 2 : C’est important qu’on en discute aussi avec les autres. 

L’une des Autres : Tu crois qu’ils vont culpabiliser ?

Thérapeutes : Non, je pense pas 

Thérapeute 2 : Je crois vraiment pas mais ça n’épargne pas la possibilité de réactions fortes.

L’un d’entre eux : Comme un départ ?

Thérapeute 1 : C’est pas impossible mais c’est pour cela qu’il y a tout un processus et que la fusion qu’on évoque ne se fait pas brutalement. Il y a des rencontres de groupe qui se font sur plusieurs mois. 

Celui-ci : Je pense aux identités de groupe qui seront chamboulées. Je me dis même : « imagine si je préfère les nouveaux ? ». Anh, je me sens merdeux de pouvoir penser ça. 

L’autre : Mais aussi, comment on va faire vivre ce qui a existé entre nous avant de fusionner ? Il y aura forcément un avant et un après. Eux et nous. 

Thérapeutes : C’est sûr

Thérapeute 2 : Et ce n’est pas à faire disparaître

Thérapeute 1 : Je pensais très sommairement pour le moment à des sessions avec les groupes séparées puis à se retrouver. Pas une fois sur deux plutôt 3 fois avec les groupes déjà formés puis une session ensemble et ça sur une durée de plusieurs mois. Ça me paraissait faisable.

Celle-là : Déjà rien que d’évoquer tout ça, me projeter avec ces perspectives me remue des choses à l’intérieur. C’est stimulant. 

L’une des autres : Je suis d’accord. 

Thérapeute 1 : On va se prendre un moment un deux pour réfléchir sur tout ça .

Thérapeute 2 : C’est important de pas perdre le fil de ce qui se dit là.

Les deux thérapeutes prennent leurs feuilles et portes vues avant de quitter la pièce. L’un des thérapeute propose quelque chose à manger et dépose un petit déjeuner fait de jus, de pain, biscuits et confitures. Le café est lui pour ceux qui se décident pendant que le sourire des autres membres du groupe se dessine grandissant.

10 novembre 2023